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Rapport moral du président
vendredi 30 août 2024, par
Arles, le 27 juillet 2024. 27ème congrès de l’ALCEM.
RAPPORT MORAL DU PRÉSIDENT
Bonjour, membres de l’Alcem. Je suis très heureux de vous retrouver à l’occasion de ce congrès qui se tient dans la ville d’Arles.
Depuis le congrès que nous avons tenu à Klagenfurt, l’un des points qui a demandé le plus d’efforts de la part de notre organisation a été la régularisation par rapport aux statuts de notre association. Notre association était dans une situation anormale car la Belgique n’était plus le centre de nos activités. Je dois remercier notre secrétaire général et également notre trésorier Gilles Désécot. Nous reconnaissons les efforts qui ont été déployés ces derniers mois et qui ont permis de résoudre avec succès le problème, de telle sorte que désormais la situation est régularisée en France et que l’association dispose de nouveaux statuts simples, clairs et très utiles. Par ailleurs, l’enregistrement des comptes financiers de l’association dans une banque française a été régularisé. Tout cela a été résolu et l’association fonctionnera tout à fait correctement. Je réitère une nouvelle fois ma reconnaissance à Pierrette Berengier et Gilles Désécot sur ces aspects des statuts et de la situation bancaire.
Je crois que notre association a suivi le même chemin que d’autres associations culturelles ces dernières années. Au même titre que d’autres associations de défense des langues en péril, notre association ressent le besoin d’y adhérer des adhérents plus jeunes. Je pense qu’avec le temps, nous nous trouvons dans une situation de certain désengagement par rapport aux jeunes générations. C’est ce que nous pouvons constater aujourd’hui et ce que nous devons essayer de corriger à l’avenir. La solution n’est pas simple. Je crois qu’il existe parmi la jeunesse européenne d’aujourd’hui un certain désintérêt pour les questions des minorités culturelles.
Si nous observons, par exemple, le tableau des dates de tenue des congrès de notre association, nous constatons que depuis la fin du siècle dernier notre AIDLCM-ALCEM a traversé des moments de plus et de moins d’activité. Il existe donc des cycles en termes d’intensité de nos actions. Face à des périodes de congrès denses et très suivis, nous avons connu des périodes de lacunes importantes. Je pense que maintenant nous sommes dans un de ces moments faibles et c’est précisément dans cette situation que nous devons travailler le plus pour défendre les langues minoritaires afin de pouvoir maintenir vivante la demande et faire le lien avec l’avenir qui, sans un sans aucun doute, ce sera mieux à l’avenir. Je suis convaincu qu’en Europe, la demande de protection et de défense de nos langues minoritaires sera à nouveau fortement renforcée. Pour cela il faut que nous continuions à entretenir notre organisation et ne pas nous décourager.
En mille neuf cent soixante-cinq a été créée l’AIDLCM (Association Internationale pour la Défense des Langues et Cultures Menacées) dont l’objectif premier était de travailler pour la défense des petites langues. Cela impliquait un travail consacré à leur reconnaissance, dignification, respect et promotion. Vingt-six congrès ont été organisés dans différents pays de l’Europe, principalement dans des zones où il existe des langues minorisées et menacées de disparition.
Après la refondation de l’association, qui a eu lieu à Marseille (France) en décembre deux mille douze, sa nouvelle dénomination est ALCEM (Association pour les Langues et Cultures Européennes Menacées). Mais après les derniers congrès de notre association, les choses en Europe ont changé d’une manière importante.
Depuis plusieurs années, la crise économique et la pandémie entravent notre travail, le travail des associations qui œuvrent pour des langues minoritaires.
Comme vous le savez, les principes de notre association interdisent les prises de positions politiques, notre association n’est pas politique, et n’a pas cet objectif. C’est pourquoi, en sachant qu’à cette réunion chacun de nous a ses propres et respectables idées, nous devons admettre avec réalisme que l’Europe change et ce, de plus en plus. Ce n’est plus l’Europe des congrès d’Oviedo ou de Liège. L’Europe est indécise et les contradictions rendent difficile l’unité européenne et le projet commun européen.
Naturellement, ce n’est pas notre tâche de trouver les solutions politiques et culturelles pour l’Europe, mais je crois que nos efforts, à l’avenir, doivent s’orienter afin de comprendre la nouvelle situation et d’élaborer les stratégies les plus appropiées.
Je crois que l’une de nos tâches lors de cette réunion est d’affronter cette nouvelle situation. Et nos congrès doivent servir à approfondir l’analyse et la conception de nos actions futures. Nous devons étudier les conséquences morales qu’a l’actualité européenne sur notre projet de défendre les langues minoritaires, toujours dans le domaine et seulement dans le domaine strictement culturel, puisqu’il peut y avoir entre nous des différences idéologiques importantes. Ce qui nous unit c’est notre défense des petites langues. Et voilà que nous ne pouvons pas être indifférents à la démagogie facile qui pense que tout est résolu sans tenir compte de la réalité sociale.
Je propose donc d’orienter notre travail vers la recherche de mesures de revendication réalistes et moralement équilibrées et, entre autres, d’affronter des problèmes tels que le renouvellement générationnel de notre association, une question urgente et fondamentale.
Mais nous avons beaucoup de raisons pour continuer à travailler et lutter pour nos idéaux, à savoir :
• Les discriminations linguistiques continuent d’être une réalité.
• Notre association a une longue et importante histoire.
• C’est l’unique association indépendante qui défend les droits linguistiques.
Finalement, je pense que les lignes de base de nos activités devraient être :
• Essayez de lier, de manière réaliste, différents secteurs de la jeunesse européenne à notre projet de défense des petites langues menacées.
• Réaffirmer la raison d’être originelle et fondatrice de notre association : la revendication linguistique.
• Notre association doit être une plate-forme pour permettre de connaître les discriminations linguistiques.
• Nous devons faire un effort pour étendre notre association à d’autres régions d’Europe où nous sommes moins présents, notamment les pays du Nord.
Merci beaucoup pour votre attention.
Roberto González-Quevedo,
Président de l’Alcem