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Association pour les Langues et Cultures Européennes Menacées


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AVANT LES ÉLECTIONS EUROPÉENNS, par Philippe Reig

jeudi 9 mai 2024

Cette année, nous aurons des élections européennes. Le collectif Pour Que Vivent Nos Langues (PQVNL) a envoyé une lettre à tous les candidats afin de connaître leur engagement en faveur du pluralisme linguistique en France et en Europe. Cependant, ce n’est pas le seul sujet qui nous interpelle. En effet, le premier point, et pas le moindre, est qu’en 2011, le Conseil constitutionnel a considéré que l’article 75-1 de la Constitution, « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France », n’instituait pas un droit garanti par la Constitution. Nous avons appris, il y a quelques mois lors d’un colloque à Toulouse, que la loi du 21 mai 2021, dite « loi Molac », du nom du député breton Paul Molac, ne peut pas être appliquée à cause de l’article 2 de la Constitution qui dit : « La langue de la République est le français ». L’on voit que finalement, aucune place n’est faite aux langues régionales. Il faudrait donc envisager la modification de l’article 2 de la Constitution qui est la clé susceptible d’ouvrir en grand la porte à l’enseignement immersif des langues régionales. Cela permettrait aussi de ratifier, enfin, la Charte européenne des langues régionales et minoritaires.
Nous avions évoqué le mal qu’a fait la réforme du baccalauréat dans les lycées. C’est toujours une affaire à suivre. D’un autre côté, jusqu’à maintenant, dans les collèges tout semblait aller bien ou à peu près. Or, le 5 octobre 2023, le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse de cette époque, Gabriel Attal, annonça sa volonté de mettre en place un « choc des savoirs » dans le but d’élever le niveau de l’école. Pour cela il désirait créer des groupes de niveaux en français et en mathématiques. Jusque là, il n’y a rien à redire. Le problème est apparu quand nous avons appris que les cours de soutien dispensés se feraient à la place d’une partie des heures jusque là réservées à l’enseignement des langues régionales.
Dernièrement, en ce qui concerne le diplôme national du brevet (DNB), la ministre actuelle de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, renonçait, pour cette année, à sa décision de ne plus traduire les énoncés de certaines disciplines en langues régionales ce qui jusqu’à cette année était proposés aux écoliers des sections bilingues. Cette décision avait provoqué une polémique auprès des associations de défense des langues régionales qui se sont manifestées. Rien n’est sûr, ni pour 2025, ni pour d’autres points de discorde intéressant l’enseignement des langues régionales.
Comme on le voit, le travail ne manque pas et il faut rester vigilant.
Philippe Reig , Secrétaire territorial pour la France.